Paroles d'estuaires
Vous êtes ici : Accueil > L'estuaire des artistes > Paroles d'estuaires > Un été au bord de la Colne river

Un été au bord de la Colne river...

En quels lieux d'Angleterre se déroule le roman de Melvin Burgess "Un été au bord du fleuve" ? Dans quel estuaire  ? Le savez-vous ? A maintes reprises je m'étais interrogé. La rencontre publique qui a eu lieu le samedi 2 février à la bibliothèque Johel Coutura de Blaye m'a renseigné. Voici l'histoire : Melvin Burgess à ses débuts est artisan, il imprime des panneaux de soie. Le développement de son activité nécessitant un atelier plus vaste, il déménage dans un village de l'estuaire de la Colne, sur la côte sud. A peine installé, lui l'enfant de la ville, il s'émerveille de cette nature, de ces eaux estuariennes, les Blackwaters : la magie des marées, les îles sauvages, les bateaux, le marais, les colonies de cygnes qui au bas d'eau marchent sur la vase... Durant l'été il fait de longues marches, il admire surtout les cygnes, les épie. Ils sont si proches qu'on pourrait presque les attraper…Melvin Burgess n'y parviendra jamais, mais le héros de son roman lui les attrapera. Car la décision est prise : écrire un roman pour nous faire partager son émerveillement. Le livre s'appellera "Loving April" (Un été au bord du fleuve).

Or il se trouve qu'en 1998, écrivant une nouvelle, "L'Escale", j'avais choisi de mettre en regard de Pauillac cet estuaire de la Colne. Je n'y étais jamais allé, mais j'en avais trouvé la description pleine de vie dans un ouvrage de Daniel Charles, fondateur et directeur du Conservatoire International de la Plaisance, alors installé à Bordeaux Bacalan. L'ouvrage s'appelle "Yachts et Yachtsmen  : Les Chasseurs du Futur". Son dernier chapitre est consacré à l'estuaire de la Colne où naviguaient au XIX° siècle les bateaux les plus prestigieux du yachting. « Huit des onze défis anglais pour l'America's Cup, de 1870 à 1920, furent menés par des barreurs de la rivière Colne, la patrie des smacks » écrit Daniel Charles. La Colne est un estuaire sacré où l'on peut encore voir naviguer certaines unités de ce patrimoine maritime, notamment les smacks, ces bateaux à voile aurique qui vers 1810 « pêchaient l'huître, mais aussi la sardine au chalut ; les plus grands ne rechignaient pas non plus devant une cargaison de patates à destinations de Saint-Malo, voire d'alcool de contrebande. » Il m'a semblé entendre Melvin Burgess prononcer le nom Wyvenhoe, ou peut-être Rowhedge, village où fut construit le "Firecrest" d'Alain Gerbault. Mais qu'importe le village…

J'ai le sentiment qu'aujourd'hui la Colne nous délègue Melvin Burgess comme pour raviver notre sensibilité à la valeur de notre patrimoine, comme pour nous convaincre de le faire vivre plus encore. Mais oui, c'est possible. Voilà donc une vraie Parole d'Estuaire ! Elle nous rappelle que nous ne sommes pas seuls, que d'autres estuaires se sont de longue date lancés dans l'aventure et nous tendent la main. Voilà du moins ce que j'ai retenu de cette rencontre parmi tant de choses que nous a confiées Melvin Burgess. Et si tous ceux qui l'écoutaient le 2 février nous confiaient ce qu'ils ont retenu ?

Christian Lippinois
le 3 février 2002

 

© Conservatoire de l'estuaire de la Gironde