Les canards s'en lavent les pattes

En canot sur la Gironde :
 
Croisière 2008 à bord du canot Plénitude

par Jean-Bernard Forie


Vendredi 11 juillet

Ensuite la situation se complique : des roulements de tonnerre se font entendre au loin, et de petites gouttes de pluie brillent dans les éclairs diffus qui illuminent par épisode le ciel qui s’est couvert. J’ai à peine le temps, à moitié endormi, de dérouler la petite voile d’artimon et de me glisser dessous, qu’une franche averse vient arroser cette partie de la côte médocaine où je me trouve. Brave petite voile d’artimon ! Elle me sert plus souvent d’abri contre le vent, le soleil ou la pluie que d’élément propulsif. La pluie dure et perdure, et à l’aube la lueur grise qui perce à peine le plafond nuageux me trouve tout trempé et courbatu de cette nuit pluvieuse, ancré dans le chenal d’accès de l’anse et entouré de monotones étendues de vase.

Le flot revient. Inutile de se plaindre, il faut penser positif ! La pluie ne sera pas éternelle et un peu d’exercice me fera du bien. D’abord il faut changer le mât de misaine d’emplanture, car aujourd’hui je naviguerai avec une seule voile, par sécurité, même si le canot n’est pas vraiment surchargé mais plutôt très encombré. La manœuvre échoue lamentablement : le mât et sa voile me glissent des mains et tombent par-dessus bord sur la rive fangeuse du chenal où ils se salissent abominablement. Hum ! Mon inconséquence me perdra : sacrifier une nuit de sommeil au point de n’avoir plus de réflexe, tout cela pour une poignée de planches un peu pourries ! C’est renversant…

C’est donc une voile badigeonnée de vase que j’établis pour rejoindre Port-Maubert. Cela fait un beau camouflage... Poussé par une brise modérée, je traverse l’estuaire en diagonale et remonte le chenal de Port-Maubert au bout duquel m’attendent la voiture et la remorque que j’ai laissées là-bas il y a sept jours. La randonnée trouve là son terme.


Jeudi 10 juillet | Samedi 12 juillet


 

© Conservatoire de l'estuaire de la Gironde