Je connais un pays où le temps se repose
Afin de moduler sûrement chaque chose,
Où le sol, vallonné de coteaux nonchalants
Vient offrir sa richesse au manteau de ses flancs.
C'est ici l'union, dans l'immense estuaire,
La plus vaste en Europe entre l'eau et la terre...
L'onde y change parfois, selon le gré du vent,
Son miroir si serein en chaos effrayant
Tandis que sur la rive, énorme et solennelle,
Pour des siècles encor veille la citadelle
Qui se rit du gros temps, pour elle inoffensif.
Mais Éole n'est pas si souvent agressif...
Je sais des soirs noyés d'une lumière d'ambre
Que jette le soleil comme un dernier sanglot
Sur le fleuve alangui du rythme de son flot
Pour fêter d'un élan le retour de septembre.
C'est alors le moment où les pampres mûris
Vont remplir les pressoirs depuis dix mois taris
Pour donner ce liquide à l'âme qui flamboie,
Qui réchauffe le corps et met l'esprit en joie.
C'est le temps de l'Automne apaisant, généreux,
Consumant chaque instant de mille et mille feux,
Illuminant ses dons de couleurs mordorées.
Je pourrais vous parler encore des châteaux
Perdus dans la verdure ou coiffant les coteaux,
Des cabanes de pêche ou du bruit des marées...
Permettez cependant que je n'ajoute rien
Car, vous l'avez compris, ce pays, c'est le mien.