Ce texte est à découvrir dans l'ouvrage
publié par La Part des Anges Éd.
Dans la terre déchue,
la boue féconde du fleuve,
l'eau est la voix ancienne
‹la fluidité du monde jamais tarie.
L'œuvre des souffles.
Dans le fleuve boueux,
l'argile orpheline des mains
poursuit une promesse
que l'œil devine
dans la constellation des jours.
La langue est sur la rive
‹couronne de mots en attente
d'une bouche neutre, tant d'incarnation
que la chair apitoyée des monstres
devient la nôtre.
Feu à foison. Eau dans le geste
des regards. Les dieux échangent
leurs visages par la liquid sité des choses
‹un vieux rite
que la peau des monstres devenue nôtre
contient à peine, contient
jusqu'à la métamorphose de l'œil
en nuit.
Dans la nuit en feu sur les rivages,
on murmure le temps sacré
recouvert par d’autres eaux, usées
par des temps sans sacrifice
ni veines ouvertes aux semences,
des eaux vaines de parcours
où la multitude s’enchante
de clore ses paupières
sur des berges oublieuses,
d’éteindre la flamme ancienne
au profit du règne des marchands.
De grands peuples vivent dans nos lèvres.
L'eau fraîche des morts
au matin les réveille, semence
qui veut un nouveau lieu pour jouir,
féconder à nouveau la pluie
jusqu'au buisson tenu secret
par la mort en personne.
(...)