Lettres d'estuaires
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Impression d'automne

Saint-Christoly. Au bord du fleuve, le pré pelé, des coquilles d'huîtres, des chardons, des molènes. Le sol crevé, les hirondelles qui rasent l'eau et la cabane où pêche un marinier. Dans les roseaux, la marée monte. 

Septembre. Ciel gris, déchirures bleues. Vers l'ouest un nuage, son ombre. Un nuage qui court. Le vent se lève, une mouette, au ras des joncs l'odeur des terres et la rivière charrie le ciel. Pas d'horizon, des galets, des limons. Dans les lointains, Mortagne. Le vent fraîchit.

Le vent. Dans les tilleuls, un souffle, le crevettier, les fanions claquent. La pluie s'abat, la pluie ! Les enfants courent, fadeur des vases. La rive, l'autre rive, gommée, la bouée du chenal piquée dans le ciel, un cargo, sa fumée. Dans le soleil rasant, la route du Verdon, un chien renifle les flaques et trottine.

L'ondée s'en va pleuvoir sur la rivière, une scie chante dans les terres. Au fond du port l'eau clapote entre les nuages. Sept heures, la cloche sonne. Il ne reste qu'un nuage et son ombre sur l'eau. Une voiture fait chuinter la chaussée. Le vent est parfumé.

Le soir. Le fleuve est jaune, le ciel est vert. La Saintonge, un trait sous le ciel. Au bistrot les marins trinquent. Venant de la terrasse et franchissant la route, leur chant. La rivière couvre le quai, le marinier plie son carrelet. L'eau monte encore, jusqu'à l'anneau. La rivière dort sur la pelouse, le chien vient boire. Tout est gris.

 
© Christian Lippinois –Mai 2000

© Conservatoire de l'estuaire de la Gironde